Dans la foulée de notre réaction au sujet de l'annonce de l'arrivée de la Bluely à Lyon, un autopartageur (M. Pascal Grillet) nous a adressé copie d'un courrier envoyé au Progrès, pour dénoncer l'absence de référence à Autolib' dans l'article rendant compte de cet événement. Plus largement, il témoigne de son inquiétude que ce nouveau service n'entraîne la disparition d'un service existant très fonctionnel mais qui semble mal aimé par les autorités publiques. Nous publions à la suite la réponse du journaliste Michel Samard.
Depuis plus d'un an, je n'ai plus de voiture. Suis-je pour
autant privé totalement de l'automobile en attendant fébrilement l'arrivée
imminente de Bolloré ? On pourrait le penser a la lecture d'un article paru le 4
juin dans Le Progrès sous votre plume, évoquant l'arrivée prochaine de Bluely, du
groupe Bolloré, comme autopartage "à la lyonnaise", qu'on attendait,
dites vous, depuis l'échec de Car2go. Je vous rassure: l'info vous a sans doute
échappé, mais il existe depuis plus de 10 ans à Lyon un service d'autopartage
qui fonctionne parfaitement bien: Autolib!
Depuis janvier 2012, après un grave accident, nous n'avons
pas racheté de véhicule, et pourtant nous prenons une voiture quand nous en
avons besoin, pour le travail ou pour les loisirs. C'est extrêmement facile à
utiliser, fiable, bien moins cher qu'une voiture personnelle pour des purs
citadins comme nous. Il est regrettable que ce service soit totalement ignoré
des médias et notamment du principal journal local !
Je regrette encore plus de ne pas avoir entendu non plus de
la bouche de notre maire la moindre allusion à ce service (auquel la puissance publique
contribue) alors qu'il se félicite bruyamment de l'arrivée du privé sur ce
créneau.
C'est avant tout un mépris pour les personnels qui font
vivre ce service de manière dynamique et même chaleureuse (essentiellement des
employés de Lyon Parc Auto) et aussi pour tous ceux, associatifs, puis
pouvoirs publics, qui ont développé depuis plus de 10ans ce service de grand
intérêt citoyen, malgré les difficultés.
C'est aussi très dommageable au développement de ce service public
qui, se trouvant privé de publicité, souffre d'un grand déficit de notoriété. J'ai
peur qu'il faille y voir la volonté des pouvoirs politiques locaux d'abandonner
l'autopartage au profit des solutions privées type Bolloré.
Or, il faut bien voir que les 2 offres sont totalement
différentes. Le projet Bolloré, comme Vélo'v, c'est du "one way",
c'est prendre une voiture dans une station, suivant les disponibilités, sans
pouvoir la réserver à l'avance. Il faut ensuite la laisser rapidement
dans une autre station, faute de quoi le coût devient prohibitif. C'est tous
les avantages mais surtout les inconvénients de Vélo'v (qui n'a pas fait
plusieurs stations pour trouver ou rendre son vélo?). L'autopartage, type
l'actuel Autolib Lyon, permet de réserver à l'avance (ou au dernier moment si
on le souhaite, évidemment), en étant certain de pouvoir compter sur sa
voiture, et en ramenant sa voiture à l'endroit où on l'a prise, en étant
certain d'avoir une place disponible.
Ce qui est pratique pour les courts trajets en bicyclette ne
l'est pas quand il s'agit de remplacer l'automobile, dans tous ses usages, avec
la liberté que la voiture permet. Pour un usage exclusif de l'autopartage, comme le mien,
permettant de se passer de voiture personnelle, il est essentiel de pouvoir
compter sur une voiture à l'avance, sans risque de retard, notamment en usage
professionnel. Pour les loisirs, il est indispensable que les familles disposent
de voitures qu'elles puissent louer pour plusieurs heures lors d'une sortie dans
un quartier excentré, en banlieue, ou pour une journée à la campagne.Il faut
aussi pouvoir louer une journée entière pour une invitation a 100 ou 200 km
(donc pouvoir utiliser une "routière" et pas une
"citadine"). Sinon aucun développement de l'autopartage comme vraie
alternative al'auto personnelle n'est réaliste!
Toutes ses exigences indispensables sont possibles avec
l'autopartage mais seront impossibles avec Bolloré: les locations seront trop chères
si on les prolonge, elles sont faites pour des usages très courts, allers
simples avec garage en station des l'arrivée. Imaginez-vous renoncer à votre
voiture si vous ne pouvez quitter la ville pour aller voir des amis dans le Beaujolais, aller avec les enfants faire un pique nique à la campagne ?
La solution Bolloré ne permet pas de se passer de voiture,
donc de diminuer à terme l'encombrement des villes. Elle se présente plutôt comme
une alternative aux transports en commun, pour des déplacements ponctuels, ce
qui n'est théoriquement pas le summum de l'écologie urbaine! Il s'agit in fine
de permettre à des gens réticents aux transports en commun de ne pas payer le
taxi ! Pour moi, usager exclusif depuis plus d'un an, l'avenir de l'autopartage doit
pouvoir permettre aux citadins "purs", qui vivent et travaillent en
ville,de ne pas avoir de voiture, en utilisant suivant les moments et les trajets,
leurs pieds, le Velo'v, le métro, le bus... ou une voiture en autopartage quand
elle est réellement nécessaire, sans restreindre sa liberté de déplacements, et
a un cout nettement moindre quele prix d'une voiture personnelle.
Actuellement, c'est tout a fait possible avec Autolib Lyon,
un abonnement TCL, un taxi de temps en temps...
L'arrrivée de Bolloré a lyon peut être une bonne nouvelle si
elle permet de donner plus de visibilité a l'autopartage mais surtout si la puissance
publique n'en profite pas pour se désengager et tuer l'autopartage au profit du
privé, ce que laisse vraiment craindre le silence assourdissant des décideurs
politiques : Mairie, Grand Lyon,Région, dont aucun n'a cru bon de rappeler le
travail accompli par Autolib Lyon, qu'ils financent pourtant depuis des années,
mais dont ils n'assurent pas la promotion.
Signé : Pascal Grillet
Signé : Pascal Grillet
Réponse de François Samard, journaliste au Progrès
[...]
J'ai lu avec attention [votre courrier] et comprends vos
préoccupations.
Effectivement, dans l’article que vous
citez, consacré au lancement de Bluely, je ne fais pas état de
l’existence d’Autolib’. L’actualité du jour était la
présentation de ce nouveau service et le système d’autopartage
existant et différent n’a pas été évoqué.
En revanche, il n’est pas juste d’affirmer
que notre journal passe sous silence Autolib’. Récemment, j’ai
rédigé une page à l’autopartage à Lyon alors que le
successeur de Car2go n’était pas encore officiel. Un article
était consacré à Autolib’.
J’ai moi-même, mais d’autres confrères
également, réalisé dans un passé plus ancien de multiples
reportages sur Autololib’. Une partie d’entre eux avant même
que Lyon Parc Auto en prenne le contrôle pour le développer.
Nous avons dans nos colonnes, à diverses
reprises, expliqué, lors du lancement de Car2go, que ces deux
systèmes étaient présentés comme complémentaires. Leurs
services, comme vous le soulignez, sont différents. « One
way » pour l’un, pas pour l’autre qui propose divers modèles
de voitures et vise des temps de location plus longs.
J’espère avoir pu vous rassurer sur le
traitement médiatique du sujet et continuer à vous compter
parmi nos fidèles lecteurs.
Cordialement
François
Samard
Journaliste
Le
Progrès
1 commentaire:
c trés interessant votre article je vous remercie
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