"L'activité d'autopartage est définie par la mise en commun, au profit d'utilisateurs abonnés, d'une flotte de véhicules de transports terrestres à moteur. Chaque abonné peut accéder à un véhicule sans conducteur, pour le trajet de son choix et pour une durée limitée." (article 19 du projet de loi Grenelle 2)

12 février 2009

A quels prix l’autopartage et la location classique sont-ils complémentaires ?

Autopartage ? Location classique ?

On oppose parfois l’autopartage à la location classique. Il s’agit initialement de deux services de location assez différents.
Historiquement, les loueurs classiques (Avis, Europcar, Hetz,…) ont assis leur activité sur la base d’une clientèle professionnelle. De manière caricaturale, le client arrive en train ou en avion d’où il a besoin d’une voiture pour un ou plusieurs jours. Pour obtenir une voiture, le client doit remplir des formalités. Il doit la reposer dans les créneaux horaires prévus. Pour rentabiliser leurs systèmes, ces loueurs ont progressivement développé des offres attractives pour les week-ends.
L’autopartage consiste en la mise en commun, au profit d’abonnés, d’une flotte de véhicules. L’idée est « de posséder une voiture à plusieurs » pour optimiser son usage et ainsi réduire les coûts tout en supprimant les contraintes (entretien, assurance, parking). Les voitures sont disposées au plus près des besoins des habitants et accessibles, après réservation, 7j/7 et 24h/24. Le client cible est urbain, utilise majoritairement des modes alternatifs (marche, vélo, transports collectifs) et a besoin ponctuellement d’une voiture (courses, visite,…) lorsqu’il n’a pas d’autre choix. Ses trajets sont généralement assez limités dans le temps (50 km en moyenne en France) et l’espace (3h en moyenne).


Lorsque autopartage et location classique se rencontrent

Deux approches différentes qui finissent par se rencontrer. Il est de plus en plus fréquent de voir des autopartageurs réserver une voiture pour 2-3 jours, voire une semaine entière durant les vacances ! Le côté pratique dépasse alors parfois les considérations économiques ! Mais ces réservations « longues durées », si elles sont trop importantes, peuvent mettre en péril le système en limitant la disponibilité des véhicules.
De l’autre côté, en 2008, la clientèle « touristique » a pour la première fois dépassé la clientèle « professionnelle » chez les loueurs classiques, preuve que cette dernière peut aussi jouer un rôle dans la limitation de l’usage de la voiture. Sur le modèle développé par le loueur Ucar, les tarifications sont de plus en plus attractives pour que « location » remplace éventuellement « possession ».


Mais alors : concurrence ou complémentarité ?

Afin de mieux cerner les offres des deux systèmes, LVA a réalisé une étude comparative portant sur les prix selon les longueurs et temps de trajets au départ de Lyon. La comparaison s’est faite à partir de l’autopartage lyonnais Autolib et des loueurs classiques Avis, Hertz, Citer et Ucar.

Première remarque : les données ne sont pas toujours disponibles sur les sites internet des loueurs classiques. Elles peuvent varier selon les jours au rythme des offres promotionnelles mais aussi selon les options (assurances multiples, chaînes à neige, siège-bébé, conducteur supplémentaire,…) qui viennent s’ajouter au tarif initial. Il faut aussi tenir compte du prix de l’essence qui fluctue. La tarification Autolib est beaucoup plus lisible d’autant plus qu’il existe un simulateur de prix selon la durée et la longueur du trajet (essence comprise).
Pour nos comparaisons, on prendra en compte des trajets avec une assurance réduisant les franchises et une assurance annulation puisque cela est compris dans le prix de l’autopartage, de même que le conducteur supplémentaire. Pour l’essence, difficile d’être devin en ces temps, une valeur de 1,4 €/l sera retenue. Il est fort probable que le prix du baril reparte à la hausse.

Autre difficulté : alors que l’autopartage est disponible 24h/24, les loueurs classiques proposent des horaires d’ouverture parfois contraignants, comme Ucar qui est fermé le dimanche et le soir à 18h (on comprends mieux la tarification plus agressive que les autres loueurs !)

Après plusieurs coups de téléphones, de nombreux clics et en manipulant formules et chiffres sous Excel (il faut bien ça pour s’en sortir !), on en arrive aux conclusions suivantes :
- pour une demi-journée (14h – 18h), Autolib est plus économique jusqu’à 250km. Mais difficile de faire plus de bornes en 4h !.
- pour une journée (8h-18h), Autolib est plus économique jusqu’à 100 km. Au-delà on est sur le créneau privilégié d’Ucar qui devient intéressant, à condition d’avoir une agence pas loin de chez soi, de ne pas se déplacer le dimanche ou après 18h, et d’accepter les formalités… Le surcoût de la souplesse d’Autolib reste faible (5€ pour un trajet de 200 km) mais nécessite d’être abonné (12,60€/mois).
- pour un week-end de 2 jours, seuls Hertz propose des tarifs équivalents à Autolib. Mais sur Lyon, il n’y a qu’une agence à la Gare Part Dieu…
- pour 2 jours (hors dimanche), Ucar popose des tarifs très attractifs moyennant les contraintes déjà évoquées.
- au-delà de 2 jours, les loueurs classiques sont globalement économiquement plus intéressants.
A noter que l’impact du prix de l’essence est neutre sur les conclusions générales.


En résumé


La vocation de l’autopartage est avant tout de répondre à des besoins de déplacements courts (moins de 2 jours et moins de 100 km). La location classique, plus contraignante (formalité, horaires, lieux), mais ouverte à tous (pas d’abonnement), est économiquement plus intéressante pour des trajets longs au-delà de 2 jours. Autopartage et location classique sont donc complémentaires pour offrir une voiture juste quand il faut !

1 commentaire:

Autolibre a dit…

clairement pour moi les modes sont complémentaires, surtout lorsque chacun reste à sa place, sur son créneau. La tentation est grande pour les opérateurs d'aller rogner sur les platebandes des autres, mais les expériences jusqu'ici sont - à mon avis - peu concluantes pour l'usager (cf contrats à l'heure des loueurs classiques et contrats longue durée des autopartageurs)